Par Nancy Ladde - Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
Une réunion publique, organisée par l’association Défense de la forêt du Landais, s’est tenue vendredi 24 mars à Saint-Géry, où l’implantation d’éoliennes est envisagée

Les 144 chaises installées dans la petite salle des fêtes de Saint-Géry n’auront pas suffi. La réunion publique organisée par l’association Défense de la forêt du Landais (DFL), vendredi 24 mars, sur les projets d’installation d’éoliennes envisagés aux Lèches, à Saint-Géry et à Fraisse, a attiré de nombreux citoyens et élus. Ils sont parfois venus du Pays de Saint-Aulaye, où l’on se bat depuis des années contre l’édification de mâts dans la forêt de la Double.

Depuis 2019, la forêt du Landais est également visée par les opérateurs, notamment à Saint-Géry. Quatre ans plus tard, début 2023, deux projets inquiètent l’association. Le premier est porté par le groupe RWE aux Lèches et porterait sur l’implantation de 11 machines. Le second, de mars 2023, conçu par Iberdrola, concerne les communes de Saint-Géry et Fraisse, voire Bosset. Il s’agirait d’installer des machines « gigantesques ». « Chez nous, il n’y a pas de vent, il faut aller le chercher très haut », constatent les membres de l’association constituée dès décembre 2019.

Promesses de bail

L’association, qui enquête sur le terrain et a rencontré un représentant de RWE, fait savoir que des promesses de bail auraient été signées sur 600 ha aux Lèches. « Seul un hectare est nécessaire pour l’éolienne elle-même, le reste sera pour les plateformes, les chemins ou les câbles électriques, explique Philippe Georges, de l’association DFL. 90 % des propriétaires ne toucheront rien, seul celui qui aura l’éolienne recevra 15 000 euros par an. »

« 90 % des propriétaires ne toucheront rien »

Pour preuve, DFL a fait entendre le témoignage enregistré d’un propriétaire forestier qui, démarché, a finalement renoncé. « Attention ! On vous promet la lune », a averti Monique Gauffre avant qu’une membre de l’association décortique la « complexité » des baux emphytéotiques proposés par les opérateurs.

Pour DFL, rien ne peut justifier l’installation d’éoliennes dans le Landais. « C’est une forêt fragile, avec beaucoup de pins maritimes et une grande sensibilité au feu. Or, les éoliennes empêchent les largages des canadairs », témoigne Laure, propriétaire forestière. Atteinte à la biodiversité, nuisances sonores voire « syndrome éolien », l’association a détaillé les arguments.

Cartes, documents… Depuis trois ans, l’association travaille et s’oppose à ces projets.
Cartes, documents… Depuis trois ans, l’association travaille et s’oppose à ces projets.
Nancy Ladde

Dépréciation immobilière

Sans oublier la « dépréciation immobilière ». Des propriétaires de terrains aux Lèches ont témoigné de la fuite d’acheteurs quand ils ont appris l’existence d’un tel projet. « Sur trois ans, alors que j’ai une vingtaine de terrains à bâtir, il ne s’en est vendu qu’un », a relevé l’un d’entre eux. « Nous, nous avons quitté la Bretagne car nous étions à côté d’éoliennes, a témoigné un participant. Je vous l’assure, la dépréciation, c’est 30 à 40 %. »

De La Roche-Chalais à Saint-Géraud-de-Corps, les maires présents ont signifié leur opposition, comme le député RN Serge Muller. « En tant que premier vice-président de l’Union des maires, je vais demander que l’on incite les élus à prendre des motions contre les éoliennes. On doit faire bloc, car l’éolien n’a pas sa place en Dordogne », a lancé Thierry Boidé, maire de Saint-Géraud et président de la CdC Montaigne Montravel et Gurson.

Thierry Bonne, le porte-parole du collectif Forces Périgord qui regroupe 17 associations, a rappelé que sur les 29 projets envisagés en Dordogne depuis 2011, 21 avaient été abandonnés grâce notamment à une « opposition exceptionnelle ».

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